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Code moral du Judo : Le Respect

Vaste sujet...


Un Judoka est un être triple. Il est à la fois SHIN (composante morale), GHI (la technique) et TAI (le Corps). Le SHIN, cité en premier, donne seul le sens aux deux autres.


Un Judoka sans SHIN n'est rien de moins qu'un guerrier sans âme, une brute épaisse ; c'est ainsi que, même s'il n'est pas le premier listé des articles du code moral, le Respect est celui des huit qui amène et transcende les 7 autres : la Politesse sans le Respect, c'est de l'hypocrisie ; l'Amitié sans Respect, un mensonge pour ne citer que cela.


Avant de comprendre ce qui se cache derrière ce terme, qui a tendance à être galvaudé ou mal utilisé, il est important d'en comprendre le sens.


Le respect peut être défini en premier lieu comme un sentiment de considération envers quelqu'un, qui pousse à le traiter avec respect.


C'est une notion familière dont tout le monde parle, mais qui, au final, est souvent mal maitrisée, confuse voir complexe car elle joue sur la corde de l'humain, de l'autre de soit, mais aussi des lieux et des objets.


 

Mais c'est quoi le "Respect" ?

La définition du Larousse nous dit du respect qu'il s'agit d'un "Sentiment de considération envers un individu ou pour certaines choses, et qui porte à les traiter avec des égards particuliers.".


Il se traduit par Sonkei (尊敬 - そんけい) en Japonais. . Le respect tire son étymologie du terme latin "respicere" qui signifie "regarder en arrière"


Prenons un peu de recul, pour mieux comprendre de quoi nous parlons.


Cela pourrait être interprété comme la capacité de comprendre ce qui a été dit et accepté dans le passé afin d'en tirer des conclusions et des conséquences dans le présent.


Sur cette base étymologique, nous pouvons parler du respect de la parole donnée, du respect d'un accord ou du respect des règles d'un jeu ou d'un sport.


Nous parlons de la capacité à se souvenir de tous ces moments où nous nous sommes engagés à tenir une promesse, à respecter les conditions d'un contrat ou à nous conformer aux règles du jeu.


Le respect c'est Autrui

Il y a là une notion sous jacente qui pointe le bout de son nez : celle de la tolérance, de l'acceptation des autres, de leur différences, du fait de les accepter aussi même si ça peut faire peur de prime abord, même si on aime pas ou que nous soyons en désaccord avec ce que nous avons en face de nous.


Certains parlent de considération ou d'estime, d'autres vont jusqu'à associer piété et révérence. Ne parle-t-on pas de respect pour les morts ? En ce sens, le respect revêt une dimension sacrée, mais il est également possible et souvent nécessaire, voire indispensable, d'avoir du respect pour des choses ou des lieux, voire pour des actions.


Le respect n'est donc plus centré sur une personne, mais sur notre environnement et les actes que nous posons.


Le respect c'est soi

Nous nous méfions plus souvent du contraire du respect, qui peut être caractérisé par la désinvolture, l'impertinence, voire l'insolence, l'irrespect et l'irrévérence, mais nous oublions parfois de nous regarder dans un miroir. Le respect ne commence-t-il pas par soi-même ?


C'est de ne pas porter atteinte à son corps, prendre soin de lui. C'est tout simplement prendre soin de sa personne en tenant compte de ses besoins et désirs tout se gardant de pouvoir dire "non" et de nous protéger quand il nous semble bon de le faire.


Lorsque nous appliquons ces principes à nous-mêmes, le respect prend une dimension proche de l'estime de soi et de la capacité que nous avons à nous souvenir de nos actions passées. Il s'agit toutefois d'une nuance importante, car le respect prend une toute autre tournure lorsqu'il est confondu avec la tolérance. Celle-ci n'a pas les mêmes motivations.


Le respect c'est aussi une affaire d'objets

Tout comme pour les autres ou pour soi, il s'agit là d'avoir de la considération et de protéger des lieux (le dojo, les tatamis, ...) que l'on occupe ou que l'on utilise.


C'est aussi une question de propreté en ayant un judogi propre, en portant ses chaussures en dehors du tatami.


 

Et le Judo dans tout ça ?

La notion de respect est au cœur même de la pratique du judo. Tout judoka le sait dès le premier jour où il foule un tatami.


Voir notre sport se développer sur des bases saines est déjà une victoire en soi, sur le chemin de l'établissement d'une société plus juste. Mais est-ce suffisant ? Peut-on et doit-on se contenter de saluer en entrant et sortant du tatami dans le dojo, ou au début d'un randori, en signe de respect ? Est-ce suffisant ? Poser la question, c'est y répondre et la réponse est évidemment non.


Pour nous, judoka, qui entrons dans un dojo, il est évident que nous respectons d'abord le lieu de pratique, en le maintenant dans un bon état de propreté.


Nous respectons ensuite la parole du professeur, de l'entraîneur, de notre sensei. Nous respectons également nos partenaires d'entraînement et plus tard nos adversaires en compétition.


Sans ce sacro-saint respect, la pratique du judo serait tout simplement impossible et n'existerait même pas. Si nous ne faisons pas attention à nos partenaires d'entraînement, nous ne tarderons pas à nous retrouver seuls car plus personne ne voudra faire du judo avec nous, d'où l'importance de retenir nos partenaires lorsqu'ils tombent.


Bien que notre sport soit apparemment un sport individuel, il ne peut être pratiqué qu'en groupe (au moins deux) et pour cela, le respect est alors un absolu non négociable.


La pratique du judo ne se limite donc pas à ce qui se passe sur le tatami, car le respect des autres en dehors du dojo doit être exactement le même.


Il est important de respecter son adversaire politique ou professionnel. Il est essentiel de respecter son partenaire de vie, ses enfants, ses parents, ses collègues, ses amis.


Dans la période actuelle d'enfermement, de confinement, où il a été (ou est) difficile de pratiquer sur un tatami, chaque judoka peut et doit donc continuer à "faire du judo" mentalement et philosophiquement, tous les jours, dans chaque acte, geste et paroles.


Comme nous l'avons dit précédemment, le respect commence par soi-même. Si vous ne vous respectez pas, si vous ne prenez pas soin de votre corps et de votre esprit, une fois encore, vous vous retrouverez bientôt seul au milieu d'un tatami vide.


L'auteur français Honoré de Balzac a dit :

On respecte un homme qui se respecte lui-même

Tandis que George Bernard Shaw, le dramaturge, critique, polémiste et activiste politique irlandais expliquait :

Aucun homme occupé à faire une chose très difficile, et à la faire très bien, ne perd jamais son respect de soi.

Sous prétexte de tolérance, on oublie parfois que le respect implique en fait d'accepter, que ce soit l'acceptation de l'autre ou l'acceptation de soi-même, ce qui n'est pas forcément la chose la moins importante ou la plus facile à faire.


Parfois, un excès de respect mal compris peut aussi conduire à des absurdités historiques : au Moyen Âge, sous prétexte de respecter littéralement les textes sacrés, l'inquisition poursuivait tous ceux qui ne pensaient pas "comme il faut". Cette dérive a été constatée et peut encore être observée dans tous les domaines où un dogme est érigé en valeur inamovible. Or, le respect n'est ni un dogme ni une religion.


Depuis l'Antiquité, puis au Moyen Âge ou au siècle des Lumières, et plus généralement depuis que l'homme vit en société, la notion de respect s'est développée. Si elle a évolué au fil des siècles, il existe un socle commun, ce qui signifie que même si le judo a été inventé au Japon, en Asie, les valeurs qu'il véhicule sont transférables et compréhensibles à travers le monde.


Pour le philosophe allemand Emmanuel Kant, le respect est un concept humain qui ne s'applique qu'aux êtres humains. Pourtant, dès que nous revêtons notre premier judogi, d'abord sans vraiment comprendre pourquoi, nous acceptons que le respect soit dû à tout ce que nous sommes, à tout ce qui nous entoure et à tous ceux avec qui nous vivons et interagissons.


Il est néanmoins important de ne pas tomber dans l'excès et c'est ce qu'expliquait le philosophe et écrivain français Albert Camus :

Rien n'est plus méprisable que le respect basé sur la crainte

donnant ainsi un aspect, paradoxalement, moins respectable "du respect".


Si nous devons respecter l'autre, nous devons également respecter ses valeurs et ses différences, sans aucune discrimination.


Il s'agit d'une valeur éthique fondamentale de notre sport, même s'il existe différentes échelles de valeurs, selon les civilisations, les sociétés et même les groupes sociaux qui le constituent.


Dans sa dimension sociale, le respect est donc avant tout humain, fondé sur ce que chacun d'entre nous doit ou devrait éprouver envers l'un ou l'autre de ses semblables.


Nous symbolisons ce respect humain par le salut et c'est la raison pour laquelle il ne doit pas et ne devra jamais disparaître du judo, sous peine de perdre notre âme et de ne plus pouvoir créer les conditions nécessaires au développement d'une société plus juste.


Si le respect a disparu massivement des relations qui existent entre les personnes, ce n'est pas une raison pour que nous le perdions à notre tour.


Nous pouvons et devons donc associer au respect, la politesse (qui sera traité dans un futur chapitre), une des autres valeurs fortes du code moral du judo.


Le respect et la politesse créent le terreau nécessaire à la croissance harmonieuse de l'individu et du groupe. Il nous appartient également d'étendre la notion de respect, aux personnes âgées, aux morts, aux minorités, aux plus faibles, à la vie privée, à la dignité humaine et à la nature dans son ensemble. Cela passe par l'éducation et c'est pour cela que le judo est un formidable outil éducatif pour tous, petits et grands.


C'est ce que l'auteur américain William Burroughs résume en disant :

Le but de l'éducation est la connaissance, non pas des faits, mais des valeurs

, ou ce que l'auteur britannique Laurence Sterne complète en expliquant :

Le respect de nous-mêmes guide notre morale ; le respect des autres guide nos manières.

Le fondateur du judo, Jigoro Kano, a déclaré :

Avant et après avoir pratiqué le judo ou s'être engagés dans un combat, les adversaires s'inclinent les uns devant les autres. Le salut est une expression de gratitude et de respect. En effet, vous remerciez votre adversaire de vous avoir donné l'opportunité d'améliorer votre technique.

Ces quelques explications nous permettent de comprendre que ce que nous faisons dans les dojos du monde entier revient à recréer, dans un espace restreint, les conditions de développement des sociétés sur notre planète.


Aucun club de judo ne peut fonctionner à long terme si le respect de soi et des autres n'est pas érigé en règle de base.


Aucun club de judo ne peut survivre si le respect du lieu et des paroles données sont juste prononcés sans absorption. Aucun club de judo n'a d'avenir, si nous abandonnons nos valeurs, car c'est par lui que jour après jour, nous apprenons et apprenons à nos enfants, que le respect est la condition essentielle pour créer la confiance.


En résumé : Respectes toi et respectes les autres. C'est la première des valeur du Judo, celle dont toutes les autres découlent.


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